En criminalistique, la comparaison de voix consiste à déterminer si deux enregistrements vocaux émanent d’un même individu ou non. Notre objectif dans le cadre du projet ANR VoxCrim (en cours) vise à établir une norme certifiée définissant les conditions nécessaires à l’application d’un protocole étalonné dans ce domaine. Au-delà des éléments très techniques de modélisation acoustique (que je ne développerai pas ici), on relève au moins deux aspects qui influencent la perception d’une expertise vocale : 1) la représentation des technologies de la parole dans la conscience collective – qu’on sait très dépendante des séries télévisées – et 2) les stéréotypes liés à la voix d’un individu. C’est ce dernier point qui constitue le cœur de ma présentation. Nous avons récemment réalisé une étude en électroencéphalographie avec la technique des potentiels évoqués dans le but de mettre en évidence les attentes générées dans l’esprit des auditeurs par un accent socialement marqué. Lorsque le contenu sémantique d’un énoncé n’est pas congruent avec ces attentes stéréotypées, un effet N400 a pu être mis en évidence. Il apparaît donc que l’activation de stéréotypes liés aux accents s’effectue dans un temps extrêmement court et semble relever des mêmes mécanismes que ceux qui régissent le traitement lexico-sémantique.